
La Despensa de Palacio aujourd’hui : L’illusion est héréditaire
Dès le plus jeune âge, nous enseignons à nos enfants, Asun, Antonio et Cristina, l’amour pour ce métier jusqu’à ce qu’il en devienne leur passion. Les premiers verbes qu’ils conjuguent sont : pétrir, cuisiner et battre.
Pendant ce temps, vous pouvez voir comment dans notre four à bois, les boutures issues de la taille des chênes verts et des oliviers centenaires sont immolées dans une sorte de sacrifice religieux flamboyant, initié de manière rituelle avec un bouquet de romarin, pour laisser toute leur énergie libre entre les craquements, pour libérer, avec le crépitement de leurs fibres, les arômes sauvages qui se dégagent tranquillement de la texture et de la bonne torréfaction de nos préparations dans la chaleur de son feu.
Mais surtout, nos enfants se concentrent sur leurs mains : comme la main experte de leur grand-père qui, aidé de sa pelle en bois, sort les polvoroncitos du four lorsque la cuisson a atteint leur cœur tendre ; comme la main agile de leur mère qui arrondit la forme des mantecaditos et les roulent dans le sésame ; comme deux mains qui, avec de simples cuillères, façonnent les « Palatinos » croustillants ; comme les roscos qui sont recouverts de miel entre les paumes des mains ; comme d’une main à l’autre les couches crémeuses du « pan de cielo » qui se superposent ; comme, un couteau à la main, on tranche des lamelles d’orange ; comme le nougat bien connu turroncillos del alabardero (petits tourons) que nous fabriquons à la mains ; comme pour nos « pralines », nous commençons par tenir une pelle en bois fermement avec les mains et avec celle-ci nous remuons les amandes dans la marmite en cuivre jusqu’à ce qu’elles caramélisent ; comme pour saupoudrer de sucre les produits, on frappe le tamis avec la paume de sa main ; et, une fois les produits fabriqués, ceux-ci sont emballés par des mains habiles qui plient le papier d’argent ou doré ou en tordent le papier de soie de leurs emballages blancs.